Jim Stanford est un économiste basé à Vancouver et directeur du Centre for Future Work.
Lorsque la COVID-19 a frappé, les lois canadiennes concernant les congés de maladie payés étaient très faibles. Dans les industries sous réglementation fédérale, les employeurs devaient fournir trois jours de maladie payés par année aux travailleurs ayant au moins trois mois de service. Le Québec avait besoin de deux jours (également après trois mois) et l’Île-du-Prince-Édouard d’un seul jour (mais seulement pour les travailleurs ayant cinq ans de service continu). Les autres provinces n’avaient aucune obligation de congé de maladie payé.
Pendant une brève période, l’Ontario a également imposé deux jours de congé payé dans le cadre du projet de loi 148 de Kathleen Wynne. Mais le premier ministre Doug Ford a qualifié cette loi de « tueur d’emplois absolu » et a annulé la politique peu de temps après son entrée en fonction. Mais il s’est avéré que les pandémies sont le véritable tueur d’emplois: de février à mai 2020, le Canada a perdu 2,7 millions d’emplois (dont 42% en Ontario).
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Les travailleurs qui présentaient des symptômes de COVID-19 ou qui avaient été exposés au virus ont reçu l’ordre de s’isoler à domicile pendant deux semaines. Mais pour les personnes occupant des emplois peu rémunérés et précaires (où les indemnités de maladie fournies par l’employeur sont rares), rester à la maison pourrait signifier manquer le loyer ou sauter les courses. De nombreux travailleurs ont ressenti des pressions pour continuer à travailler, contribuant potentiellement à la propagation de la COVID-19.
Le gouvernement fédéral a donc lancé de nouveaux programmes de soutien du revenu liés à la COVID, y compris la Prestation canadienne de rétablissement pour maladie en septembre 2020. Cela s’adressait aux travailleurs qui ont contracté le COVID-19 ou qui ont été exposés au virus. Au printemps dernier, des provinces comme l’Ontario et la Colombie-Britannique ont mis en place des programmes d’indemnités de maladie temporaires, qui ont accepté de rembourser aux employeurs jusqu’à trois jours par travailleur.
À cet égard, d’autres pays industrialisés étaient beaucoup mieux préparés que le Canada à une pandémie. La plupart des économies de l’OCDE avaient déjà besoin de deux semaines ou plus de congés de maladie payés, de sorte que les ordonnances de santé COVID-19 pouvaient être facilement prises en charge. La pandémie a révélé que l’incapacité du Canada à fournir cette protection de base imposait non seulement un fardeau important aux travailleurs, mais constituait également une menace pour la santé publique.
Nous espérons tous que la fin de la pandémie est en vue – bien que des variantes continues (telles que Omicron) puissent reporter encore une fois ce rêve. Lorsque la pandémie prendra fin, le Canada reviendra-t-il à refuser de payer les travailleurs lorsqu’ils sont malades ou potentiellement exposés à la maladie? C’est une recette pour une catastrophe dans une future urgence sanitaire. Et même pour les maladies de la variété des jardins (comme la grippe saisonnière), les preuves sont solides que le refus des indemnités de maladie entraîne une contagion accrue des collègues et des clients, une productivité réduite (y compris le « présentéisme », où les gens se présentent au travail mais ne peuvent pas exercer leurs fonctions) et, en fin de compte, une augmentation du temps perdu à cause de la maladie.
Par conséquent, le gouvernement fédéral a récemment déposé un projet de loi visant à étendre les congés de maladie payés dans les industries sous réglementation fédérale à 10 jours par année. C.-B. annoncé au moins cinq jours payés par an à compter de janvier. 1. D’autres provinces (y compris l’Ontario, dont le programme temporaire expire le déc. 31), débattent encore de la question.
Il y a une raison scientifique claire pour laquelle les responsables de la santé publique ont ordonné deux semaines (ou 10 jours ouvrables) d’isolement pour les personnes contractées ou exposées au COVID: c’est le temps nécessaire pour survivre au stade contagieux du virus. Un programme d’indemnités de maladie raisonnable doit prendre en charge les absences de cette durée.
Les employeurs se plaignent que 10 jours seraient trop chers – ce qui revient à distribuer deux semaines de salaire supplémentaire à chaque travailleur chaque année. Mais l’impact sur les coûts totaux des entreprises serait beaucoup plus modeste. Les travailleurs ne seraient pas admissibles pendant 10 jours avant d’avoir accumulé une ancienneté suffisante. Environ la moitié des travailleurs bénéficient déjà d’une couverture par le biais de régimes d’entreprise volontaires ou négociés; pour ces employeurs, le coût supplémentaire serait faible ou inexistant. De plus, tous les jours de maladie admissibles ne sont pas utilisés : en moyenne, les travailleurs canadiens prennent 3,7 jours de congé par année pour maladie. Et tous les travailleurs malades n’ont pas besoin d’être remplacés: dans de nombreux emplois, le travail attend simplement leur retour, ce qui signifie qu’il n’y a pas de coût supplémentaire.
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Compte tenu de tous ces facteurs atténuants, une nouvelle étude du Centre for Future Work estime qu’un régime de congés de maladie de 10 jours augmenterait les coûts totaux des entreprises de seulement 0,21 % en Colombie-Britannique, ce qui ne serait pas perceptible au milieu des nombreux autres changements dramatiques qui ébranlent le marché du travail et les chaînes d’approvisionnement du Canada. Il ne tient pas non plus compte des avantages pour les entreprises d’une réduction des absences, d’une meilleure rétention du personnel et de la confiance des clients. Et cela fait pâle figure par rapport aux coûts de la prolongation des pandémies.
Il serait imprudent et à courte vue de revenir à une « normale » précovide qui obligeait les travailleurs malades à se présenter, quel que soit le risque pour les autres. Notre nouvelle sensibilisation à la santé publique signifie que les travailleurs doivent être aidés à rester chez eux lorsque cela est nécessaire. Chaque province devrait suivre l’exemple du gouvernement fédéral et celui des autres pays industrialisés et mettre en œuvre des exigences permanentes pour au moins 10 jours de congés de maladie payés.
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