En termes de temps, environ deux heures, donnez ou prenez quelques minutes plus ou moins. En termes d’expérience, pas assez longtemps. La musique est enchanteresse — des sentiments et des humeurs variés, de l’ouverture poignante préfigurant la mort de Violetta à l’excitation frivole du « Libiamo » du Premier acte sous-estimé par la profession sincère d’amour d’Alfredo. Il y a le drame du jeu téméraire d’Alfredo et, encore une fois, la réponse du chœur dépeignant leurs sentiments d’horreur face à la violation des mœurs dans sa dénonciation de Violetta qui traverse leur atmosphère de fête précédente dramatisée à travers le ballet.
Au cœur de celui—ci se trouve la lutte au sein de Violetta qui traverse chaque acte – d’abord, quand elle renonce à se laisser espérer qu’elle peut se laisser aller et aimer Alfredo, puis quand elle découvre que sa peur d’être blessée si elle fait l’amour se réalise lorsqu’elle accepte de l’abandonner, et enfin, le dernier acte où la tension émotionnelle s’inverse et elle passe du désespoir de savoir qu’elle a tout perdu « Addio » à se laisser une fois de plus céder à un rêve d’amour avec « Parigi, o cara ». Le drame ici est plus qu’une question d’amour et de perte — c’est une lutte entre le tissu social superficiel qui impose sa vision de qui elle est et l’authenticité. Le fait que ce drame soit dépeint si efficacement en deux heures est l’une des clés de son succès durable.